Notre conscience écologique gagne du terrain : après le rejet des gobelets jetables et la rationalisation des produits à usage unique pour le visage et le corps, de nombreuses personnes ont commencé à réfléchir à d’autres pratiques qui semblent peu écologiques, comme le vernis à ongles et le gel ou vernis semi-permanent.
Ces vernis contiennent des ingrédients qui sont non seulement mauvais pour l’environnement, mais aussi pour la santé de l’ongle. Le retrait du vernis peut même entraîner son amincissement et sa détérioration.
Ainsi, en parallèle de la tendance du nail art, des extensions au gel ou à l’acrylique, des frenchs manucures multicolores, la tendance aux ongles naturels revient doucement sur le devant de la scène.
J’ai recueilli le témoignage de femmes qui ont abandonné le vernis à ongles et le gel. Elles nous parlent des avantages de cette manucure et de ce qu’elles pensent des ongles nus.
Stéphanie – 35 ans
J’ai toujours vernis moi-même mes ongles. À l’école, je préférais les couleurs vives. Ensuite, lorsque j’ai déménagé sur Paris, mon amie proche de l’époque m’a incitée à faire une manucure hebdomadaire dans un institut. Je choisissais toujours des teintes sombres et saturées : bordeaux, noir, bleu marine. Mes ongles ont toujours été hyper résistants : ils ne se sont pas cassés, mais, bien sûr, ils ont un peu jauni à cause du vernis.
Il y a environ trois ans, j’ai décidé que les ongles courts, propres et non vernis étaient plus beaux. En plus, c’est beaucoup plus écologique.
Aujourd’hui, je trouve que les ongles vernis sont généralement laids et démodés. Bien que les statistiques disent le contraire. Visiblement, les manucures sont toujours à la mode pour des milliers de Françaises. Même si, désormais, il existe des vernis à ongles absolument inoffensifs, je ne pense pas que je me mettrai à me vernir les ongles tout le temps. Peut-être qu’à l’occasion je les vernirai en noir ou en rouge foncé.
Marianne – 22 ans
Mes premières expériences en matière de manucure remontent à dix ou douze ans. Il y a d’abord eu les vernis à ongles qui s’enlèvent avec de l’eau ordinaire, puis – comme tous les enfants des années 90 – les vernis à ongles bon marché et malodorants du centre commercial. Mes préférés étaient les vernis transparents avec des paillettes – ils étaient faciles à appliquer. Mes amies et moi aimions organiser un salon de beauté dans la cuisine de ma camarade de classe.
J’ai commencé à faire poser du gel sur mes ongles il y a environ 3 ans dans un salon situé près de chez moi dans Le Marais. Pendant environ un an, j’ai porté du gel tout le temps. J’adorais mes ongles comme ça, je trouvais que cela donnait un aspect très élégant et soigné. La seule chose qui était un peu ennuyeuse était que mes ongles repoussaient rapidement et cela donnait un aspect négligé. Aussi, je retournais dans l’institut très souvent et cela devenait un cercle assez vicieux.
Au printemps dernier, je préparais un voyage de deux semaines en Thaïlande et j’ai réalisé que je ne voulais pas poser du gel pour ce voyage. Je savais que, quinze jours après, mes ongles auraient besoin d’être retouchés. J’ai donc décidé que je souhaitais une manucure naturelle que je pourrais corriger moi-même si besoin. Pour la première fois depuis bien longtemps, j’ai fait retirer le gel de mes ongles. Je les ai alors retrouvés en piteux état. Ils étaient très fins et chaque mouvement brusque les traumatisait. Je les limais moi-même doucement pendant mes vacances, et à mon retour, je n’ai plus jamais fait poser de gel.
Je vais maintenant me faire faire une manucure et une pédicure dans un salon environ tous les quinze jours . J’aime toujours beaucoup aller chez un professionnel. C’est un rituel agréable et un moment de détente que je m’autorise régulièrement. J’ai toujours une lime à ongles sur moi et entre deux visites à l’institut, je corrige la longueur de mes ongles. Les soins à l’institut prennent désormais beaucoup moins de temps : je choisis la manucure classique, cela prend environ une heure. Mes ongles sont beaucoup plus lisses et nets, ils deviennent plus forts et moins écaillés, ils poussent plus vite et la cuticule repousse moins.
En fait, j’ai remarqué que de nombreuses personnes autour de moi ont cessé de se vernir les ongles. J’en ai parlé récemment à mes followers sur Instagram et j’ai reçu une avalanche de commentaires et de reposts de filles qui partageaient mes opinions. Nous avons discuté avec des amis et sommes arrivés à la conclusion qu’il n’y a rien de mal à utiliser un vernis écologique de temps en temps, pour sortir, par exemple. Mais je ne suis plus très à l’aise avec ça : tous ces flacons jetables, ce n’est pas très écologique.
Camille – 43 ans
J’ai commencé à me vernir les ongles en CM2. Mon premier vernis à ongles était à base d’eau et je me souviens qu’il s’enlevait même avec de l’eau chaude. Puis les vrais vernis à ongles avec des paillettes sont apparus. Arrivée en troisième, j’avais un énorme kit avec de nombreux vernis : des bases, des dizaines de vernis à ongles colorés, des vernis mats et brillants. Au lycée, une de mes amies a commencé à faire des manucures au gel à domicile pour un prix dérisoire, et j’ai commencé à aller la voir tous les mois. Le prix a augmenté au fil des ans, mais je n’ai pas pu m’arrêter : je n’avais plus à me soucier de la forme et de la longueur de mes ongles, de la pousse des cuticules, des ongles incarnés.
J’ai abandonné les manucures au gel il y a un peu plus d’un an pour deux raisons à la fois : beaucoup de déchets jetables pendant et après le processus, et le prix élevé d’une manucure de très bonne qualité. Après avoir renoncé au gel, je ne suis pas allée me faire faire une manucure pendant quelques mois. Je voulais voir ce qui allait arriver à mes ongles. C’était une véritable épreuve parce que je ne sais absolument rien faire avec ma main gauche, y compris me couper les ongles, alors ma mère et mon copain m’ont aidé avec ma main droite.
Aujourd’hui, je vais à l’institut pour une manucure classique environ une fois tous les deux mois, mais je me coupe régulièrement les ongles à la maison. Bien sûr, je passe beaucoup plus de temps maintenant, mais je pense que c’est à cause de mon incapacité à le faire moi-même à deux mains. J’adore la couleur de mes ongles non vernis, surtout avec de fines bagues dorées, mais on ne me complimente plus sur eux.
Si, à l’avenir, des marques lancent des gammes de vernis ou de gel qui ne nuisent pas à la nature, je les soutiendrai et j’achèterai sans doutes quelques produits pour les utiliser occasionnellement. Mais je n’utiliserai plus jamais de vernis à ongles ou de gel en permanence.
Estelle – 37 ans
Quand j’étais enfant, j’avais honte de mes mains, j’avais des ongles cassants et beaucoup d’ongles pendants. Pendant longtemps, j’ai pensé que le vernis à ongles était uniquement réservé pour les filles aux ongles longs. Et pour les adultes en général. Et puis j’ai réalisé que je pouvais faire ce que je voulais quelle que soit la longueur et la forme de mes ongles ! Je mettais du vernis à ongles à peu près une fois par semaine. À l’université, j’ai commencé à faire poser du gel régulièrement.
J’ai abandonné les vernis à ongles au printemps 2020 à peu près au moment où nous avons tous été confinés chez nous. Je pense que c’est aussi parce que toutes les informations sur les soins naturels et l’écologie que j’avais entendues jusqu’à maintenant ont commencé à vraiment atteindre mon subconscient. Mon idée de la beauté a commencé à changer et elle continue de changer encore aujourd’hui. À cette époque, j’ai commencé à apprécier de plus en plus le naturel, et je comprends de moins en moins pourquoi de nombreuses filles se vernissent encore les ongles avec du plastique.
Je fais mes manucures à la maison et de temps en temps, je vais en institut pour une pédicure. J’ai toujours une lime à ongles dans mon sac, mais pour être honnête, je ne sais pas combien de fois je l’utilise. Mes ongles sont devenus plus forts, tout comme l’amour que je leur porte. Une fois que j’ai accepté leur forme, leur couleur, la longueur de leurs doigts et leur largeur, ils ont commencé à changer en mieux. Ils sont maintenant beaucoup plus robustes.
Noa – 26 ans
J’ai commencé à faire des manucures à l’adolescence, lorsque j’avais soif d’expérimentation et d’indépendance, et que je ne voulais pas me laisser distancer par mes camarades de classe. J’ai choisi différentes couleurs, des couleurs vives comme le fuschia, le vert fluo, le blanc et le noir. Il fut un temps où j’apprenais même à faire du nail art. J’ai fait ma première manucure au gel en 2008, en classe de quatrième. Ils commençaient juste à devenir à la mode à l’époque.
J’ai toujours gardé mes ongles soignés. Avant un rendez-vous, il m’arrive d’appliquer du vernis à ongles pour ajouter un détail intéressant à mon look. Avant de partir en voyage, je me rends dans un salon de beauté pour acheter un vernis à ongles longue durée afin d’être tranquille pour plus d’une semaine. L’automne dernier, j’ai trouvé un salon où tout était parfait pour moi : l’ambiance, le personnel, la propreté. Et il y a eu une période où j’allais me faire faire des manucures trois ou quatre fois de suite. C’était un rituel agréable. Mais bientôt, ce rituel agréable est devenu une corvée, et j’ai décidé d’arrêter.
J’ai réalisé que je n’en avais plus besoin pour me sentir belle. De plus, j’ai réalisé que je pouvais dépenser cet argent pour quelque chose de plus utile. Je n’ai pas fait de manucure en salon depuis décembre 2018 – depuis que j’ai commencé à réfléchir aux dommages environnementaux que cette industrie causait. Maintenant, je fais mes manucures à la maison : je raccourci juste les longueurs et les cuticules et je les masse avec de l’huile d’amande. Cela me prend au maximum dix minutes par semaine. Il n’est pas nécessaire d’allouer du temps, de planifier ses rendez-vous en institut, de s’y rendre et d’y passer une heure (même si c’est plutôt agréable là-bas). Mes ongles sont devenus plus forts, ne se cassent plus, ne se fendent plus et les taches blanches ont disparu.
Régine – 58 ans
Adolescente, j’adorais le vernis à ongles – je pense que de quatorze à vingt ans, je n’allais pratiquement nulle part sans une teinte vive. Mes préférés étaient cerise, noir et émeraude. Je me souviens de l’admiration (ou du sarcasme ?) de mon amie qui me faisait remarquer en souriant que même en vacances à la campagne, je couvrais mes ongles de vernis à ongles brillants. Avec l’avènement du vernis à ongles en gel et un travail à temps plein, j’ai commencé à prendre rendez-vous pour des soins de mes ongles en institut : une manucure, quelques couches de gel, un séchage express, et je pouvais oublier mes ongles pendant trois semaines.
J’ai abandonné le gel sur mes ongles il y a quelques mois. Principalement parce que j’avais gravement endommagé mes ongles avec le gel. J’ai commencé par les extensions d’ongles il y a quelques années et je les avait particulièrement longs. J’ai eu psychologiquement du mal à revenir à des ongles courts.
Malheureusement, le retrait du gel, son application et le séchage à la lampe n’ont pas rendu service à mes ongles. En quelques années, ils étaient devenus fins et cassants. Fatiguée de passer trois heures au salon (hélas, la longueur exige du temps), je me suis fait faire une manucure sans vernis et j’ai huilé mes ongles avec des huiles et des crèmes pendant les deux derniers mois. Utiliser du vernis ordinaire ne me vient même pas à l’esprit – l’effet est trop court. Mais je dois admettre que pour une occasion spéciale ou un shooting de mode, je pourrais opter pour un vernis incolore. Juste pour rendre mes ongles plus soignés – tant qu’il y a trop de plis et de points blancs dessus.
Aujourd’hui, je ne veux pas revenir au vernis en gel, même lorsque mes ongles seront redevenus normaux.